Pourquoi reparler de la consignation aujourd’hui ?
Si vous avez grandi dans les années 80 ou si vos grands-parents vous parlaient de leur époque, la consigne des bouteilles en verre ne vous est sûrement pas étrangère. Pendant des décennies, ramener ses bouteilles pour les faire laver et réutiliser était un geste quotidien. Et puis, petit à petit, le tout-jetable a pris le dessus… jusqu’à aujourd’hui.
Eh oui, la bonne vieille consigne fait son grand retour. Et ce n’est pas un simple effet de mode : c’est un vrai levier pour limiter nos déchets, économiser de l’énergie et alléger notre impact écologique. Autrement dit : un geste simple pour rendre notre consommation plus responsable, sans bouleverser nos habitudes ni notre porte-monnaie.
Comment fonctionne la consigne pour les bouteilles en verre ?
Le principe est aussi simple que malin : au lieu de jeter nos bouteilles en verre (même dans la poubelle de tri), on les rapporte dans des points de collecte participants (magasins, épiceries, marchés…). Ces bouteilles sont ensuite lavées, contrôlées puis remises en circulation. Elles peuvent ainsi être réutilisées jusqu’à 50 fois selon leur qualité et leur usage.
Et ce n’est pas tout : dans certains cas, une petite somme symbolique peut vous être restituée — souvent entre 10 et 50 centimes — comme une mini récompense écoresponsable. D’autres enseignes préfèrent le modèle « sans restitution », misant sur l’engagement citoyen avant tout.
Pourquoi c’est mieux que le recyclage ?
On entend souvent cette question : « Mais le verre, ça se recycle déjà, non ? » Oui, mais… avec beaucoup d’énergie. Transformer une bouteille usagée en une nouvelle prend bien plus de ressources qu’un simple lavage. C’est un peu comme choisir entre réutiliser un plat à gratin ou le casser pour en mouler un autre !
Voici ce que dit l’ADEME (Agence de la Transition Écologique) à ce sujet :
- Réemployer une bouteille nécessite environ 4 fois moins d’énergie que la recycler.
- Le réemploi permet de réduire les émissions de CO₂ de 79 % par rapport à une fabrication à partir de verre fondu.
- Un contenant en verre réutilisé 10 fois génère 85 % d’émissions en moins que dix équivalents recyclés.
Autrement dit, c’est un peu un « super héros » de la bouteille. Et ce, sans modifier notre quotidien de manière radicale. On boit, on rapporte, on recommence.
Quels produits sont concernés ?
Pour l’instant, la consigne concerne surtout les produits suivants :
- Bouteilles d’eau, de jus, de limonade artisanale
- Bouteilles de bière (souvent locales ou en circuits courts)
- Eaux gazeuses en bouteilles épaisses
- Certains pots en verre (yaourts, sauces, soupes… surtout en magasins bio)
Le réseau de la bio est d’ailleurs souvent pionnier dans ce domaine. Beaucoup de marques engagées relancent cette pratique, et des distributeurs comme Biocoop, Day by Day ou Le Drive tout nu proposent déjà des emballages consignés dans leurs rayons.
Une mention « consigné » ou un petit pictogramme explicite est généralement présent sur l’étiquette. N’hésitez pas à demander aux commerçants ou vérifier sur les sites des producteurs. Plus c’est local, plus vous avez de chances de tomber sur de la consigne.
Comment et où ramener ses bouteilles consignées ?
Certaines enseignes ont mis en place des bacs spécifiques à l’entrée du magasin. D’autres partenaires (épiceries vrac, AMAP, marchés bio) collectent les bouteilles à chaque passage. Il existe aussi des plateformes collaboratives comme La Consigne Green ou Bout à Bout, qui répertorient les points de collecte autour de chez vous.
L’Astuce de Luna : dans notre famille, on garde un cabas spécial consigne dans l’entrée. Aussitôt terminé, aussitôt rangé. Et quand on fait les courses, on n’oublie pas notre « sac à bouteilles », juste comme on prendrait ses sacs en tissu.
Quels obstacles reste-t-il à lever ?
Malgré ses nombreux avantages, la consigne se heurte encore à quelques freins logistiques et politiques :
- Uniformisation des formats de bouteille encore trop limitée.
- Reticence de grandes marques à adapter leur chaîne de production.
- Manque de communication auprès du grand public.
- Coût du lavage élevé si les volumes ne sont pas assez importants.
Mais les choses bougent ! En 2023, plusieurs projets de loi ont remis la consigne sur le devant de la scène. En parallèle, les collectivités, les PME locales et les acteurs du vrac développent des réseaux de réemploi à échelle régionale, notamment dans les Pays-de-la-Loire, en Île-de-France ou encore en Alsace.
Un retour encouragé aussi par les consommateurs eux-mêmes : selon une enquête Harris Interactive pour CITEO, 87 % des Français se disent favorables au retour de la consigne pour le verre.
Quels sont les vrais bénéfices pour la planète ?
Concrètement, si chaque foyer français remplaçait ne serait-ce que 10 bouteilles en verre par des bouteilles réutilisées par an, cela représenterait :
- 303 millions de bouteilles réemployées au lieu d’être fondues.
- Des millions de kWh économisés (soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de plusieurs milliers de foyers).
- Une réduction significative de la pollution liée au transport et à l’extraction de matières premières.
Multiplier ces gestes à l’échelle d’une commune, d’un territoire, ou même d’un seul groupe de consommation (les boissons sans alcool, par exemple) aurait un impact direct et mesurable.
Et au quotidien, on fait comment ?
On ne va pas se mentir : au début, c’est une habitude à mettre en place. Ça demande un peu d’organisation (et de place dans le meuble sous évier ou le garde-manger). Mais comme pour les sacs réutilisables, ça devient vite un automatisme !
Voici quelques astuces pour intégrer la consigne dans votre routine :
- Commencez par un seul type de produit : par exemple, choisissez une bière locale consignée et construisez petit à petit.
- Renseignez-vous auprès de vos commerçants pour identifier les références concernées.
- Stockez vos bouteilles dans un cabas dédié, prêt à être emporté aux courses.
- Expliquez la démarche aux enfants : c’est un levier génial pour leur inculquer les bases de l’économie circulaire.
Et si vous êtes en région, sachez que certains collecteurs proposent même des consignes à domicile lors des livraisons de paniers bio ou de produits en vrac.
Et si on allait plus loin ?
La consigne des bouteilles en verre n’est qu’un début. À moyen terme, elle peut ouvrir la voie à d’autres formes de réemploi : bocaux de repas préparés, flacons de shampoing, contenants à emporter… Le modèle peut être étendu à bien d’autres usages et réduire considérablement nos déchets d’emballages.
Certains services comme Loop ou Jean Bouteille expérimentent déjà la consigne sur les produits d’entretien, les liquides en vrac, ou même les cosmétiques. Avec, toujours, cette idée simple : on ne jette plus ce qui peut servir plusieurs fois.
Choisir la consigne, c’est aussi une manière de voter avec son panier pour valoriser les circuits courts, soutenir l’emploi local (réemploi = emplois non délocalisables) et mettre à l’honneur des modes de production plus sensés. Bref, donner du sens à notre consommation… une bouteille après l’autre.
Et vous, quelles sont vos marques préférées en consigne ? Avez-vous une bonne adresse à partager ? Parlez-nous de vos routines, vos astuces, vos découvertes en commentaires. Ici, chaque retour d’expérience vaut de l’or pour alimenter le mouvement !